jeudi 5 septembre 2013

Détenus : les chiffres du Grand Sud

Détenus : les chiffres du Grand Sud

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Détenus : les chiffres du Grand Sud
Détenus : les chiffres du Grand Sud
Le Grand Sud n’échappe pas à la règle, même si la situation dans les maisons d’arrêt semble «moins pire» qu’ailleurs. La carte ci-jointe donne la mesure de la surpopulation carcérale dans une région qui semble a priori moins en butte aux difficultés dans la gestion du quotidien. Rien à voir par exemple avec les voisines de Limoges, Béziers, Montpellier ou encore Nîmes où le taux de remplissage frôle les 200 % avec des populations pénales plus difficiles. C’est du moins l’avis de Jean-Christophe Sanchez, surveillant à la maison d’arrêt de Seysses (31), représentant l’Union régionale UFAP-Unsa de Toulouse, la première organisation syndicale pénitentiaire.
Des maisons d’arrêt remplies à 172 % à Carcassonne, à 162 % à Tarbes, à 150 % à Seysses… Le constat n’a jamais cessé d’être dénoncé par les surveillants de prison, avec cependant des disparités selon les départements.

Le Lot et le Gers toujours sans prison

Le département du Gers n’abrite aucune maison d’arrêt. Au défaut de lieu de détention dans le département, le tribunal de grande instance d’Auch (qui dépend de la cour d’appel d’Agen), envoie ses détenus sur Agen, Toulouse ou Tarbes. Quant au département du Lot, il a vu la fermeture de la prison du Château du Roi à Cahors. L’édifice qui aurait pu être racheté par des Chinois pour être converti en hôtel reste toujours la propriété de l’État. Le projet de maison pénitentiaire sur le causse de Sauzet, au sud du département, ne verra sans doute jamais le jour, combattu depuis le début par les riverains, puis carrément sacrifié à l’heure des restrictions budgétaires. Le projet de 80 millions d’euros avait pourtant été entériné par l’ancien ministre de la Justice Michel Mercier.
Seule la prison de Rodez inaugurée en juin dernier par Christiane Taubira a un niveau de population acceptable (70 % seulement). Sans doute pas pour longtemps. La prison modèle qui accueille des détenus des départements voisins, n’échappera pas à une évidente montée en puissance.
Alors que la prison de Montauban a doublé sa capacité d’accueil, celle de Foix reste une petite structure réservée plutôt aux courtes peines.

Eysses et Agen, les deux dossiers de Jérôme Cahuzac sont en stand-by

Dans le Lot-et-Garonne, la situation se révèle plus compliquée avec le gros dossier concernant la rénovation de la centrale d’Eysses, projet qui avait été défendu par l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac. En février dernier, à Villeneuve sur Lot, celui-ci avait annoncé une enveloppe de 40 millions d’euros pour restructurer et étendre la superficie de l’ancienne abbaye qui abrite trois cents détenus condamnés à des peines longues ou de courtes durées. Les conditions d’accueil pour les familles devaient être revues également lors de travaux appelés à se poursuivre jusqu’en 2016. À l’époque, le député-maire de Villeneuve avait rappelé que cette rénovation était déjà d’actualité en 2001 sous Lionel Jospin. Le centre pénitentiaire d’Eysses devait également abriter en son sein une maison d’arrêt pour pallier la disparition de la maison d’arrêt d’Agen. La fermeture d’Agen devait être elle-même compensée par l’ouverture de deux prisons à Villeneuve et Sauzet, dans le Lot.
Dans les Hautes-Pyrénées, la situation de Tarbes reste stationnaire. Pierre Montreuil, délégué régional du syndicat pénitentiaire des non-gradés (SPS) rappelle qu’il était question de créer à Tarbes un grand QCP (quartier de courtes peines) pour l’accueil des détenus non récidivistes «classés» par catégories : délits routiers, violences conjugales, outrages à agents…) Un projet oublié car les formations délivrées se révèlent très onéreuses, comme le démontre le fonctionnement quotidien du QCP de Seysses comptant 30 détenus.

Dans les centrales : «une place, un détenu»

Dans les centrales de Muret et de Lannemezan, la surpopulation ne joue pas, découlant de la règle stricte «une place, un détenu». Les deux centres de détention connaissent un taux respectif de 92 et 84 % Mais à tout moment, ces établissements peuvent connaître des tensions.
La maison d’arrêt de Seysses reste une des structures les plus sensibles, d’autant qu’on y compterait de plus en plus d’agressions. «Cela tient à l’arrivée de détenus au profit fragile», explique encore Pierre Montreuil.
La rentrée risque d’être chaude et il faut s’attendre à des mouvements de surveillants dès septembre. «Nous sommes à la limite, entourés de surveillants de plus en plus fatigués. Depuis cinq ans, iI y a bien eu des créations de postes mais sans apport de personnel. Nous vivons à flux tendus», indiquait hier encore Jean-Christophe Sanchez qui évoque aussi les inquiétudes des surveillants liées à l’application de l’article 57 de la loi pénitentiaire sur l’impossibilité de fouiller les détenus à l’issue des parloirs.

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