Nadège Grille «libérée» de prison et amoureuse du Tarn

CONSEIL GÉNÉRAL

Nadège Grille directrice du service enfance famille au conseil général ./ Photo DDM, Emilie Cayre

Six ans en prison ça change une femme. Nadège Grille est entrée à la prison pour mineurs de Lavaur en 2007, à la création de l'établissement pénitentiaire. Il y avait du beau monde le jour de son arrivée : Rachida Dati, alors Garde des Sceaux, les radios, les journaux, les télés. Compétente, belle, intelligente, décidée, elle avait le profil idéal pour prendre la direction de cette prison d'un nouveau type. Il y a un an, elle avait choisi de partir à Lannemezan pour prendre la direction d'une des plus grandes centrales de France où sont incarcérés des «durs à cuire». La voici de retour dans le Tarn depuis août, la quarantaine rayonnante, directrice Enfance Famille au conseil général.

«J'ai eu le coup de cœur pour le Tarn. Il est idéalement situé, aux portes de la Méditerranée et de l'Espagne, proche de mes points d'ancrages affectifs et familiaux. Je me sens aujourd'hui Vauréenne d'adoption», explique-t-elle. Quand l'opportunité professionnelle de donner un nouveau sens à sa carrière s'est présentée, elle n'a pas hésité : «J'avais fait le tour de la question de la délinquance des mineurs. Le président du conseil général m'a confié une mission qui fait sens eu égard à mon expérience : la protection de l'enfance. La politique de proximité de notre collectivité est guidée par des valeurs fortes : le respect des droits des enfants, le soutien aux familles en difficulté, la prévention des mauvais traitements, la protection des enfants victimes. Cela revient à agir en amont de mes activités passées».

Soutien aux personnels de l'EPM de Lavaur

Travailler à Albi et vivre à Lavaur où elle vient de faire construire sa maison ne lui pose aucun problème . Et comme le personnage déborde d'énergie, elle a décidé de s'engager : «Je veux avoir une action citoyenne et militante pour ma ville». C'est clair, c'est net, Nadège Grille, qui n'a jamais caché ses convictions de gauche, ne restera pas inactive.

L'entretien se termine. Nadège Grille : «Vous ne voulez pas me poser une question sur la triste actualité de l'EPM de Lavaur avec ces évasions en série ?». Elle enchaîne aussitôt: «Je me sens solidaire des personnels et partage leur désolation. Cet établissement n'est pas sécuritaire, tous les pénitentiaires le savent ! Il a été conçu sur le pari audacieux que la prise en charge éducative, à travers l'action conjointe des éducateurs et des surveillants, pouvait contenir ces adolescents et se substituer aux barreaux et barbelés. S'agissant de personnes mineures, je crois qu'il ne faut pas renoncer à cet idéal, mais je crains que l'actualité ne le range dans la catégorie des utopies».

Cette fois c'est fini. «Adessias», l'au revoir spontané de Nadège Grille ne passe pas pour une ultime coquetterie, mais comme le symbole d'adoption à un territoire.

Richard Bornia