mardi 28 février 2012

Airbus et la région ont piloté la reprise



Airbus et la région ont piloté la reprise
économie: safial-profor


Comme Bertrand Barthe, le directeur, une trentaine de personnes ne poursuivra pas l'aventure sur le Plateau./Photo L. Dard. Partager
Le tribunal de commerce a entériné la reprise de l'entreprise Safial-Profor par la société héraultaise F-Tech Aerostructures. Le site de Lanne sera abandonné au profit de Lannemezan. Seuls 44 des 75 emplois seront sauvés.

Après plus d'un demi-siècle d'existence, la société Safial de Lanne, devenue Safial Profor, vit ses derniers jours. Frappée de plein fouet en 2009 par la crise qui avait violemment stoppé sa progression (-35 % d'activité), l'entreprise bigourdane avait réussi à redresser la barre. Pas assez cependant pour présenter un plan de remboursement des dettes.

Au terme d'un feuilleton économico-juridique de plusieurs mois, le tribunal de commerce de Tarbes a officialisé la reprise de l'entreprise par la société F-Tech Aerostructures. La société héraultaise figurait parmi la dizaine de structures intéressées au début de la procédure mais ne l'avait pas formalisé par la suite. «Au terme de la première phase, les trois offres, dont celle d'Altema sur Pontacq, n'étaient pas satisfaisantes en terme de prix et de certitudes sur leur financement», explique Guy Baudéan, le président du tribunal. Le second tour de table sera plus fructueux. Relancée par la région, via Midi-Pyrénées Expansion, et par de gros donneurs d'ordre économiques, Airbus en tête, la société F-Tech, déjà installée à Lannemezan, s'est mise sur les rangs. «Mais entre-temps, un inventaire sur site a révélé des non-conformités importantes qui le rendaient inopérant», précise Guy Baudéan. Une mise en conformité évaluée à plus de 800.000€ et qui a conduit les deux derniers candidats à la reprise à abandonner le site lannais. «F-Tech est une entreprise qui travaille avec des donneurs d'ordre de premier rang, tranche le président du tribunal. C'est une entreprise connue et très appréciée dans le milieu aéronautique, et qui bénéficie en plus d'une situation financière éprouvée.»

Autant d'arguments qui ont convaincu le tribunal, également séduit par l'implantation et la capacité d'accueil dont dispose F-Tech sur le plateau. «Ils se sont développés chez nous et comptent désormais 35 personnes auxquelles s'ajouteront les 44 issues de Safial, détaille Bernard Plano, le maire, qui est surtout intervenu sur ce dossier au titre de président de Midi-Pyrénées Expansion. Nous avons essayé de trouver des solutions, en étroite collaboration avec Airbus, qui souhaitait structurer sa chaîne de sous-traitance.»

À Lannemezan, F-Tech dispose d'un bâtiment combinant 750m2 d'atelier et des bureaux pour amorcer un déménagement, long d'au moins trois mois. «Socialement, le repreneur s'est heurté au refus de ce déménagement, poursuit Bernard Plano. Mais il a été au bout.Cela permet de sauver 44 emplois. Ce n'est pas suffisant, certes, mais cette solution aura la confiance des clients pour un développement futur.»

À Lannes, Bertrand Barthe, le directeur, s'apprête à abandonner les rênes: «Le cœur d'activité et le savoir-faire seront préservés. ça veut dire qu'il y aura une suite et qu'on n'a pas travaillé pour rien. L'avenir passera par une culture d'entreprise différente et plus rigoureuse que celle de cette vieille entreprise artisanale.»


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social
Une trentaine de salariés sur le carreau
Cet après-midi, les repreneurs de l'usine Safial-Profor seront à Lanne pour présenter leur plan aux employés. Laurent Forax et son équipe tenteront de calmer, dans la mesure du possible, les inquiétudes de salariés dont près de la moitié vont perdre leur emploi. F-Tech ne reprendra, en effet, que 44 des 75 employés. «On connaît les postes et le nombre de personnes qui seront conservés, explique Serge Sempastous, délégué syndical CGT. Après, on en saura plus ce soir.»

Malgré toutes ces incertitudes, l'activité se poursuit sur le site de Lanne, jusqu'au 12 mars, date de la prise de pouvoir de F-Tech. Un plan de sauvegarde de l'emploi a été mis en place. «Malgré tout, cela se passe plutôt bien ces derniers jours, note le délégué syndical. La pérennité de l'entreprise passait par cette décision. Mais on espérait tout de même davantage d'emplois sauvés.»

De son côté, Bertrand Barthe, le directeur de Safial, juge que l'issue aurait pu être plus douloureuse: «Même si c'est dur avec 30 emplois qui disparaissent, ce n'est pas une catastrophe industrielle et sociale comme si la liquidation avait été prononcée. Le boulot réalisé par les équipes pour maintenir l'entreprise à flot n'aura pas été vain. Ceux qui ont un métier spécialisé devraient retrouver un emploi, à condition d'être un peu mobiles. Pour les emplois administratifs, cela sera plus compliqué.» Une cellule de replacement adossée aux entreprises locales du secteur va être mise en place. Mais à l'heure de la fin de journée, sur le parking, l'atmosphère est pesante, l'angoisse prégnante. «On continue à travailler, mais la situation n'est pas agréable à vivre, décrit cet employé, dévasté. Je ne pense pas que je serais parmi les salariés repris. Au vu des différents critères, je ne suis pas prioritaire. C'est dur. Maintenant, à 50 ans, pour retrouver du travail!D'autant que tant qu'on n'a pas reçu la lettre de licenciement, on ne peut pas chercher ailleurs.Peut-être laisse-t-on passer d'éventuelles offres…» Une autre employée de glisser: «Quant à ceux qui sont repris, tous n'accepteront pas de partir sur Lannemezan».

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