mardi 15 novembre 2011

Bagnères-de-Bigorre. AZF : ces Bigourdans veulent un coupable



Bagnères-de-Bigorre. AZF : ces Bigourdans veulent un coupable
témoignages


Le procès a été délocalisé salle Jean-Mermoz pour accueillir les nombreuses parties civiles./Photo DDM, archives. Partager
Ils habitent dans les Hautes-Pyrénées mais ont vécu le traumatisme de l'explosion du site toulousain. Alors que s'ouvre le procès en appel, rencontre avec ces victimes exilées.

AZF. Trois lettres, un traumatisme et une catastrophe qui hantent. Encore. Dix ans après l'explosion et alors que s'ouvre aujourd'hui le procès en appel, l'onde de choc s'étire jusqu'en Bigorre. Parmi les milliers de parties civiles, moins d'une dizaine de Haut-Pyrénéens touchés, à des degrés divers, par le drame. « L'explosion a soufflé le hangar que louait ma mère en face du site industriel, relativise Jean-Marc Pretotto, toulousain, désormais établi à Tuzaguet. C'était son seul revenu. Depuis, on a bien reçu quelques indemnités, mais ça ne correspondait pas au manque financier. On a mis le dossier dans les mains de l'avocat. » Depuis, Jean-Marc avoue le suivre de loin.

D'autres, s'ils persévèrent dans leur requête en appel, préfèrent garder le silence. « Je souhaite tourner la page », nous confie cet habitant de Capvern qui n'a pas voulu s'étendre, encore traumatisé par le drame.

Pour oublier, Mustapha Addoch et sa famille se sont résolus à quitter Bagatelle. Dès le soir même. « Il y avait des rumeurs comme quoi le bâtiment allait s'effondrer », se souvient ce père de famille dont le fils, Amine, n'avait qu'1 an. Il trouve refuge à Tarbes, chez sa belle-famille, avant de s'y installer définitivement, en 2003. Aujourd'hui, Mustapha tient une épicerie, au cœur du quartier. Sa vie a changé, mais il n'a pas oublié. « Tous les meubles tombaient, le battant des toilettes volait, les fenêtres explosaient, égrène-t-il. J'ai pris une porte sur le dos. Comme nous étions en plein couloir aérien, j'ai d'abord pensé à un avion. » Éducatrice à Papus, sa femme Halima est encore plus proche de la détonation. Ses oreilles sifflent toujours et son audition en pâtit encore. « Il y a surtout les séquelles psychiques, avoue Mustapha, en proie à des troubles du sommeil. La moindre explosion, le moindre reportage sur les attentats et ça revient. C'est gravé dans la mémoire, même si l'on voudrait l'oublier. »

Quant à ce nouveau procès, la famille espère toujours une réponse : « On cherche la vérité. Il y a des responsabilités, mais pas de coupable ».


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Un témoin de Lannemezan
Déjà témoin lors du premier procès, en 2009, Jean-Claude Gelber interviendra de nouveau à la barre en appel. Muté au sein de la société Arkema (elle aussi classée Seveso 2) à Lannemezan, à partir du 1er septembre 2001, il occupait auparavant les fonctions d'ingénieur sécurité environnement à AZF.

Il n'était donc plus présent sur les lieux lors de l'explosion, ce 21 septembre. Les premiers débats ont révélé qu'en réalité, entre l'organisation de sa prochaine affectation et ses congés annuels, il avait quitté l'établissement toulousain dès le début du mois de juillet 2001. Interlocuteur privilégié de la Drire, il intervenait comme conseil-animateur et gestionnaire des systèmes de management environnement et sécurité. Contacté par téléphone, ce retraité de 66 ans n'a pas souhaité s'exprimer avant la fin de la procédure.

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