mercredi 27 juillet 2011

Lannemezan. Nadège Grille change de prison

Lannemezan. Nadège Grille change de prison
pénitentiaire
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« Je change d'univers. Quinze ans de carrière consacrés à la prise en charge des mineurs, j'avais besoin d'autre chose. » Nadège Grille quitte sa fonction de directrice de l'établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Lavaur. Promotion ou placard ? La question provoque un éclat de rire. « Deux choses : j'avais la possibilité de rester un an de plus à l'EPM et, deuxièmement, je suis nommée directrice de la maison centrale de Lannemezan, une des cinq centrales sécuritaire de notre pays. Il s'agit d'un poste important dans ma profession. Un poste que j'aborde avec beaucoup de fierté et de modestie. »
à 33 ans, intelligente et féminine, Nadège Grille avait tout, à la création des EPM il y a cinq ans, pour devenir la figure emblématique d'une administration pénitentiaire, vieille dame un brin revêche et poussiéreuse. « Gracieuse comme une porte de prison », avec elle l'adage perd tout son sens.
Les divans de Drucker
Des divans de Michel Drucker en compagnie de Rachida Dati à la der de « Libé », notre diplômée de sciences po a vécu sous les feux de la rampe. Du moins les premiers temps. « Je ne regrette rien. Si j'ai été instrumentalisée, c'est pour la bonne cause. Si j'ai pu donner une image moderne de l'administration pénitentiaire en cassant le cliché du directeur de prison bedonnant et réac, tant mieux. » Elle réfléchit et ajoute : « Jamais je ne me suis compromise ».
Il n'y a pas que les pages people de « Femme Actuelle » qui ont alimenté la chronique de l'EPM depuis cinq ans. Les mineurs délinquants, ce n'est pas le monde des Bisounours. Mais Nadège Grille insiste plutôt sur un pari a priori un peu fou : faire travailler ensemble surveillants et éducateurs. « Un dialogue pluridisciplinaire dense et quotidien. Aucun sujet de débat ou de désaccord (et ils sont nombreux à l'EPM), n'a été tu ou évité », affirme-t-elle, avant d'ajouter : « Ma principale inquiétude réside dans le fait que les approches culturelles éloignées entre l'administration pénitentiaire et la protection judiciaire de la jeunesse mettront encore du temps être dépassées ».
Sourire ravageur
Côté syndicats, les délégués restent mesurés dans leurs critiques. « Elle aime trop la communication », résume l'un d'entre eux. Nadège Grille en rajoute question défauts personnels : « Je suis parfois excessive, trop pragmatique pour être comprise de certains partenaires qui ont une culture de la réflexion. Trop franche et incisive, trop affective aussi ». Mais encore ? « L'essentiel, ce sont les mineurs. Les résultats ne sont pas spectaculaires, reconnaît-elle, mais je garde espoir. » Demain, elle s'occupera des longues peines. Des plateaux TV au plateau de Lannemezan, il en faut beaucoup plus pour éteindre son sourire ravageur. « Évaluation des risques de récidive, quel sens donner à la peine ? » Nadège Grille est déjà en réflexion. Les deux pieds à Lavaur jusqu'à la mi-août et les pensées tournées vers son nouveau challenge… avec quand même des trémolos dans la voix : « Je suis triste de quitter mes surveillants et les amitiés durables nouées en pays de Cocagne ».

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