jeudi 9 juin 2011

Capvern. Une grenouille protégée contre l'extension d'un supermarché



Capvern. Une grenouille protégée contre l'extension d'un supermarché
environnement
Une grenouille agile, répertoriée samedi 21 mai et relâchée./Photo DDM H. D.
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À Capvern, l'extension de la zone commerciale est prévue. Problème, l'endroit regorge d'espèces rares hautement protégées. Reptiles, batraciens, oiseaux et autres risquent de payer le prix fort.
Une lande de tourbière en face de la zone commerciale, à la sortie de Capvern et à l'entrée de Lannemezan, un paradis pour bon nombre d'espèces rares sur lequel plane une menace bien réelle : celle de l'extension de la zone commerciale, sur 8 ha. 8 ha de zone humide, de forêt, de lande, qui risquent de finir ensevelis, la faune et la flore avec, sous du béton. Une situation que Pierre Barrataud, herpétologiste capacitaire reconnu au plan national et directeur d'un centre de sauvegarde, a beaucoup de mal à accepter : « Je ne viens pas ici avec un brassard vert et un ULM ! », ironise-t-il, pour bien marquer sa différence avec une certaine écologie spectacle. « Dès qu'il y a des élections, le discours politique est toujours le même : on met l'environnement en avant, on le met à toutes les sauces. C'est à la mode, c'est vendeur. Mais dès qu'il y a un intérêt en jeu, tout le monde s'en fout ! Quand j'entends un élu, que je ne citerai pas, dire «Ce n'est pas deux tritons qui vont nous emm… et nous empêcher d'avancer !», ça me fait bouillir. C'est inadmissible. La cupidité prime sur tout, chez l'homme, qui détruit tout de façon aveugle. À son propre détriment, mais l'argent est roi. »
Inventaire
Dans la zone menacée par le béton, l'herpétologiste a fait un inventaire rigoureux avec deux étudiants en master environnement de l'université de Toulouse. Un rapport sera envoyé à la préfecture, au ministère de l'Environnement et au Muséum d'histoire naturelle à Paris.
Sur zone, les scientifiques ont relevé du triton marbré et palmé, de la grenouille rainette et agile, de la salamandre tachetée, du lézard vert, de la couleuvre jaune, à collier et vipérine, etc., etc. « Pour ces espèces, la protection est maximale : l'Europe a renforcé les conventions de Washington qui s'appliquent à ces espèces-là. Mais qu'est-ce que ça pèse face à des promoteurs qui ne voient que le pognon ? ».
Le scientifique s'emporte un brin : « On plante quelques arbres pour se donner bonne conscience et là, on va raser un pan de forêt sans le moindre état d'âme. On va détruire un milieu riche. Je propose, comme l'a fait le maire de Lannemezan chez lui, de créer une réserve ici. Les emplois sont brandis comme arguments chocs, mais si on détruit notre propre monde, jusqu'à quand pourra-t-on parler d'emplois ? »
La grenouille et le supermarché : ça pourrait être le titre d'une fable, mais d'une mauvaise fable. À moins d'enfler démesurément, la grenouille va-t-elle résister au supermarché ?
mairie de capvern : « une étude en cours »
Pour André Laran, le maire de Capvern, tout se fera dans les règles : « Il faut tout d'abord savoir que la zone en question a fait l'objet d'un permis d'aménager. Nous avons chargé un bureau d'étude compétent, privé, pour mener deux inventaires : celui de la faune et celui de la flore. Cette étude va se poursuivre jusqu'au mois d'octobre, pour que nous ayons l'ensemble des quatre saisons sur le site. Cette étude, lourde, se mène sur l'ensemble de la zone et pas seulement la partie déboisée. En tout état de cause, un inventaire complet va être fait. À la fin de l'inventaire, quand l'étude nous sera remise, nous instruirons des dossiers d'aménagement en fonction, évidemment, de ce qui aura été trouvé ou pas trouvé, d'ailleurs. Mais d'ores et déjà, l'Onema (NDLR : la police de l'eau) est venu sur site et nous dit ne pas avoir trouvé de tritons marbrés, mais des tritons palmés, ce qui n'est pas pareil. Nous remettrons le dossier auprès des administrations compétentes quand l'étude nous sera remise ».
repères
Le chiffre : 8
hectares > Surface. C'est le nombre d'hectares qui risquent d'être condamnés par l'extension de la zone commerciale.
« On se gargarise de protection de l'environnement mais la cupidité fait qu'au final, tout le monde s'en fout. »
Pierre Barrataud
herpétologiste.

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