jeudi 13 mars 2014

Lannemezan. Entreprise Carbone Savoie : «Juste faire baisser la tête à la direction»

Lannemezan. Entreprise Carbone Savoie : «Juste faire baisser la tête à la direction»

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Jean-François Faure, le P-DG de Carbone Savoie, quitte le site de Lannemezan./Photo Laurent Dard.
Jean-François Faure, le P-DG de Carbone Savoie, quitte le site de Lannemezan./Photo Laurent Dard.
La direction de l’entreprise Carbone Savoie a finalement été libérée par les syndicats et les salariés. Pour l’heure, le sens des responsabilités a prévalu dans ce conflit.
Il était 23 heures, mercredi, quand Jean-François Faure, le P-DG de Carbone Savoie ; Stéphane David, le directeur du site, et Mme Reton, la DRH, sont sortis du site deLannemezan, encadrés par des gendarmes. Les salariés leur ont fait une haie de «déshonneur», avec sifflets et quolibets. Mais aucune violence physique n’a été exercée, même si les représentants de la direction ont sans doute senti le souffle de la révolte tant la proximité des salariés était bien réelle. Volontaire.
Symboliquement, en franchisant le portail de sortie, les salariés ont tenu à faire passer les représentants de la direction sous une banderole où il était écrit : «Carbone Savoie, ni partir ni mourir. Produire et non détruire. Moderniser pour développer l’emploi dans les Pyrénées».
«Histoire de leur faire baisser la tête», a commenté un syndicaliste. Histoire de leur faire mieux mesurer ce que l’on peut ressentir lorsqu’on se sent humilié. Histoire de leur faire mieux comprendre leur souffrance face à leur décision de fermer le site de Lannemezan.
Durant cette journée «mouvementée», il faut souligner l’esprit de responsabilité qui a animé toutes les parties. La direction, tout d’abord, qui a tout fait pour éviter l’affrontement. Les syndicats qui se sont engagés à contenir «leur troupe» malgré une grande exaspération. Les autorités qui n’ont pas voulu utiliser la force.
Le dialogue est encore d’actualité à Carbone Savoie, même s’il s’apparente à un dialogue de sourds.

Le chiffre : 10

pour cent > Des salariés de Carbone Savoie. Ont moins de 30 ans.

Et maintenant ?

Henri Cazes, le secrétaire du CE, élu de la CGT, a bien conscience que le conflit va s’inscrire dans la durée et qu’il ne s’agit pas de mobiliser les salariés tous les jours. Mais il fait savoir que la vigilance sera permanente de la part des syndicats et des salariés.
La direction, quant à elle, «compte respecter toutes les procédures obligatoires dans le cadre d’une fermeture de site autour de deux axes forts : l’accompagnement social et la revitalisation du bassin d’emploi de Lannemezan», comme l’a déclaré le P-DG.

Des résultats financiers qui «écœurent»

Les mots manquent à Henri Cazes, le secrétaire du CE de Carbone Savoie, à la lecture des résultats annuels de 2013, annoncés hier, du Groupe Rio Tinto dont fait partie l’entreprise Carbone Savoie.
Sam Walsh, le chef de direction du groupe Rio Tinto, écrit dans une lettre aux salariés :
«Nos solides résultats témoignent du fait que nous respectons nos engagements et des progrès que nous réalisons pour redresser l’entreprise et procurer une plus grande valeur aux actionnaires. Nous avons dégagé un bénéfice sous-jacent de 10,2 milliards de dollars US, soit une hausse de 10 % par rapport à 2012. Nous avons surpassé nos cibles de réduction des coûts
[…] . Il y a encore du travail à faire, mais je vous suis reconnaissant pour vos efforts et je tiens à vous remercier de vos engagements». «Cynique, abominable, insupportable. Cela donne envie de vomir», s’écrit le syndicaliste au regard de ces chiffres et de la fermeture annoncée du site de Carbone Savoie à Lannemezan pour des perspectives mauvaises en 2014.

Pourquoi Lannemezan ?

Dans l’entretien qu’il nous a accordé mercredi matin, Jean-François Faure, le P-DG de Carbone Savoie, explique, notamment, que cette décision de fermeture du site de Lannemezan a pour but de «renforcer Carbone Savoie et de concentrer les fabrications sur deux sites : Notre-Dame-de-Briançon et Vénissieux». Il précise que «le site de Lannemezan est le plus fragilisé, le plus touché sur le plan économique du fait de la concurrence sur les marchés».

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