mercredi 10 avril 2013

Lannemezan. «J'ai hébergé le meurtrier présumé d'Alexandre Junca»


Lannemezan. «J'ai hébergé le meurtrier présumé d'Alexandre Junca»

Publié le 09/04/2013 à 10:25 12

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Lannemezan. «J'ai hébergé le meurtrier présumé d'Alexandre Junca»
Mickaël Baehrel, le meurtrier présumé d'Alexandre Junca, est passé par Lannemezan, ainsi que Mickaël Bonnet, un de ses complices présumés. Un habitant de la commune raconte leur rencontre.
Un message, hier matin, sur le téléphone portable : «J'ai une info et une photo sur le meurtrier d'Alexandre». Aussitôt, le rappel est effectué puisque le numéro n'est pas masqué. Au téléphone, une voix qui, sans hésiter, décline son identité : Didier Pargade. Rendez-vous est pris pour l'après-midi. L'homme, la cinquantaine passée, se présente comme demandeur d'emploi et fan d'expéditions à vélo. Il dit aussi son engagement pour le droit au logement. Sans tarder, il raconte l'histoire. Son histoire avec Mickaël Baehrel, le meurtrier présumé d'Alexandre, le jeune garçon de 13 ans, tué en juin 2011 à Pau, et celui qui est décrit comme un de ses complices : Mickaël Bonnet.
«Quand j'ai entendu le nom de Mickaël Baehrel à la télé, je me suis dit qu'il m'était familier. Je l'ai rencontré en 2008, à l'abri de nuit à Lannemezan, alors que j'habitais dans un logement à proximité. Je me souviens aussi qu'un peu plus tard, alors qu'il vivait chez Fatima (présumée complice dans l'affaire Alexandre), je l'ai hébergé à mon domicile, cité des bans. Et, dans la nuit, avec Mickaël Bonnet, ils avaient fouillé dans mes affaires, pris ma carte de crédit et effectué trois retraits pour un montant de 220 €, et étaient partis sans rien me dire», raconte Didier Pargade qui les a mis au tribunal pour se faire rembourser.
Pour mieux appuyer ses explications, il montre le courrier du ministère de la Justice où il est écrit : «Par jugement en date du 26/11/2009 prononcé par le tribunal correctionnel de Pau, confirmé par la cour d'appel de Pau le 7/10/2010, le nommé Baehrel Mickaël a été condamné à vous verser : la somme de 220 € au titre de vos dommages et intérêts (préjudice matériel), la somme de 500 € au titre de vos dommages et intérêts (préjudice moral) et la somme de 400 € au titre de l'article 475-1».
«Je n'ai pas vu l'agressivité chez lui, ni même l'alcoolisme. Il ne m'a jamais menacé», assure Didier Pargade qui ajoute toutefois que «Baehrel avait le dessus sur Bonnet et pouvait le manipuler».
Concernant l'atrocité des actes commis par Mickaël Baehrel, Didier Pargade pense d'abord au gamin. «Quel a dû être son dernier regard», s'interroge t-il à voix haute. Et puis, il y a les parents. «Les problèmes financiers, on s'en relève, mais là…»
Sans excuser le moins du monde l'acte commis, Didier Pargade tente une explication à ce meurtre : «Le monde de la rue est de plus en plus violent. C'est beaucoup plus dur. Et parfois, un regard et c'est le drame».
«Dans le monde de la rue, on tait souvent ses problèmes et on se réfugie dans l'alcool ou la drogue. Les gens sont livrés à eux-mêmes et n'ont plus de repères. Où sont les éducateurs d e rue», questionne celui qui sait de quoi il parle pour avoir lui-même été SDF.
Mais, c'est plus fort que lui, il revient à Alexandre. Qui pourrait s'appeler Jean, Pierre ou Paul. Ou Didier. Comme lui. «Oui, j'aurais pu être à sa place», dit-il. Et les larmes partent. Coulent. Comme ses mots, lourds de sens, pleins de générosité. D'humanité. De solidarité. De respect. Dans un monde qui en manque cruellement…
«J'irai faire une prière pour Alexandre sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle»…

«un gâchis»

Didier Pargade en est convaincu : «Au fond de moi-même, j'ai la certitude qu'on aurait pu éviter un tel drame. On ne peut pas laisser des jeunes comme Mickaël Baehrel sans emploi, sans logement, sans but dans la vie, sans écoute, seuls avec leurs problèmes. Au final, il y a des histoires et parfois des drames. Même si là, rien n'est excusable. Quel gâchis !»

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