vendredi 7 décembre 2012

«La région est moins touchée mais la situation n'est pas brillante »


«La région est moins touchée mais la situation n'est pas brillante »

Bernard Raynaud, vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées./ DDM - Tous droits réservés. Copie interdite.
Bernard Raynaud, vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées./ DDM ()
Bernard Raynaud, vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées./ DDM
Bernard Raynaud, le vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées en charge de questions économiques, revient sur la conjoncture économique du Grand Sud et sur les moyens d’accompagner financièrement les entreprises pour leur permettre de franchir certains caps.
Quels sont les secteurs qui portent l'activité économique de la région ?
La région Midi-Pyrénées est toujours moins grandement touchée que certaines autres, notamment grâce à l'aéronautique et l'espace, des secteurs dont les difficultés viennent finalement plus de leurs plans de charge trop importants. Les choses vont bien en terme d'emploi, les grands donneurs d'ordre et les sous-traitants recrutent. Ces secteurs contribuent à améliorer l'image économique régionale notamment via l'export.
Le deuxième secteur d'activité qui se porte bien est l'agroalimentaire : la salaisonnerie, la charcuterie, les activités traiteur ou les plats préparés.
Les cabinets d'études pour les entreprises industrielles sont en bonne santé également, mais se préparent déjà pour la suite. Les TIC sont en progression, même si des jeunes entreprises en développement font face à des crises de croissance.
Quelles sont les entreprises qui connaissent une conjoncture plus difficile ?
Dans le bâtiment, les choses sont plus contrastées avec des reprises et des rechutes régulières. Nous traversons actuellement une période à nouveau difficile. Mais la filière la plus touchée est celle des travaux publics. Le secteur fait face à des plans de licenciement et de restructuration, ce qui est lié évidemment à la baisse d'activités et aux difficultés des collectivités. La commande publique représente en effet 70 % de leur chiffre d'affaires et ralentit fortement. Je ne pense pas qu'une embellie soit prévisible, de ce côté, avant 2013 quand la question de la réforme des collectivités sera tranchée.
Le textile est toujours en difficultés, même si de petites TPE tirent leur épingle du jeu individuellement notamment à l'export. La filière automobile connaît également des difficultés inquiétantes. Le bois est, lui, soumis aux aléas du bâtiment.
Globalement, on peut donc dire que la région est moins touchée, mais quand on y regarde de plus près, la situation n'est pourtant pas brillante.
Qu'en est-il de la situation de l'emploi ?
Sur le front de l'emploi, nous ne sommes pas très bien non plus et nous nous positionnons même un peu au-delà de la moyenne nationale, presque à 10 % pour notre taux de chômage. Nous n'avons pas revécu de grandes catastrophes comme nous en avons connues par le passé. Nous sommes en attente sur le pôle Cancer Bio Santé des annonces de Sanofi. Mais des petites structures moins connues licencient aussi et le domaine du commerce traditionnel ressent la baisse du pouvoir d'achat ce qui se traduit par des baisses de chiffres d'affaires des commerçants.
Nous vivons une situation paradoxale, car des secteurs embauchent mais à cause de questions liées à la formation ne trouvent pas les techniciens supérieurs ou les ingénieurs nécessaires à leurs besoins. Il faudra faire attention dans les prochaines années, car si nos entreprises n'augmentent pas leurs capacités, leurs plans de charges pourraient être confiés à des entreprises extérieures dans le cadre de délocalisation.
Quelle est la marge de progression de la région ?
Nous partons d'un constat en Midi-Pyrénées, qui vaut pour le reste de la France d'ailleurs, nos entreprises sont petites et elles sont sous-capitalisées. Toutes activités confondues, 93 % des entreprises de la région ont moins de 20 salariés. Faute d'avoir des fonds, elles ont des difficultés pour se développer, innover, ou exporter. L'innovation réclame en effet une stratégie à moyen terme, une recherche, un transfert de technologie, une industrialisation et la recherche de nouveaux marchés.
La question de la taille des entreprises est vitale pour nous situer dans la compétition internationale.
De plus, deuxième élément, nous manquons d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) de plus de 250 personnes. Elles se comptent sur les doigts des deux mains dans la région. Pour être un acteur significatif sur le marché, il s'agit pourtant d'une taille critique.
Comment parer à ces écueils ?
En Midi-Pyrénées, nous sommes plutôt bien dotés en structure de renforcement de fonds propres avec Midi-Pyrénées Croissance, l'Irdi ou les business-angels. Mais il faut que la stratégie des entreprises soit clairement identifiable et qu'elles acceptent de voir entrer dans leur giron des investisseurs extérieurs.
Nous avons donc mis en place un nouveau fonds d'amorçage interrégional, commun avec l'Aquitaine, à destination des entreprises innovantes qui ont du mal à boucler leur deuxième tour de table. Irdinov est doté de 30 millions d'euros, qui vont nous permettre d'accompagner ces structures dans le passage d'un seuil critique. Les prises de participation seront de l'ordre de 300/500 000 euros. Midi-Pyrénées Croissance va, de son côté, augmenter son capital pour répondre aux besoins des entreprises en dessous de 250 000 euros.
Qu'en est-il des autres entreprises ?
Nous avons également souhaité mettre en place un dispositif spécifique pour les passages de seuil après avoir identifié des PME de la région qui ont une capacité à se développer de manière importante en passant du statut de PME à celui d'ETI, ou qui doivent franchir d'autres seuils techniques et psychologiques difficiles comme celui des 50 salariés.
Nous allons d'abord les accompagner de manière traditionnelle dans des projets de développement à court terme avec les contrats d'appui, en leur proposant des subventions plutôt que des avances remboursables. Nous sommes ici aux alentours d'enveloppes d'un million d'euros, soit des montants qui comptent. Ces outils permettent d'intervenir de manière concrète et rapide.
Nous sommes allés encore plus loin en ciblant une centaine d'entreprises de Midi-Pyrénées. Une trentaine d'entre elles va recevoir un accompagnement approfondi. Nous allons notamment les coacher à l'export via deux dispositifs : la présence physique à leur côté pendant un an à l'étranger dans quatre pays identifiés (la Chine, le Japon, les États-Unis et le Canada) et une plateforme qui leur permettra d'avoir des réponses sur les marchés de 186 pays ainsi qu'une expertise individuelle. Ce dispositif vaut pour toutes les entreprises d'ailleurs.
Le coaching spécifique durera autant de temps que l'entreprise le désirera. Nous assurerons également l'interface avec MPI et MPE.
Enfin nous sommes en attente d'outils financiers supplémentaires avec la Banque Publique d'Investissement qui sera mise en place dans les prochains mois et déclinée au plan régional.
La Dépêche du Midi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire