Le Toulouse Space Show s'ouvre : contexte agité pour l'industrie, porteur pour les services
Le Toulouse Space Show, congrès mondial biennal qui réunit les acteurs du spatial, a débuté aujourd'hui dans la Ville rose et se poursuivra jusqu’au 28 juin. Yannick d'Escatha, directeur du Cnes et Bernard Plano, président de MPE, ont évoqué en ouverture l'important retour sur investissement attendu dans la filière des services et applications. Les deux géants toulousains Astrium et Thales Alenia Space sont eux inquiets pour l'avenir, parlant de « situation risquée ».
La Ville rose accueille à partir d’aujourd’hui lundi 25 juin et jusqu’au jeudi 28 juin le Toulouse Space Show, congrès dévolu aux applications spatiales. « Chaque euro investi dans les infrastructures et applications spatiales assure un retour sur investissement de 20 € », a rappelé en conférence de presse Yannick d'Escatha, le directeur du Cnes. Pierre Cohen, le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, est revenu sur l'importance du spatial. « Le Toulouse Space Show nous oblige à penser à demain. Il faut donner des moyens pour faire évoluer les usages et les applications du spatial. C'est un domaine stratégique et vital. La Communauté urbaine soutient la filière, elle est notamment en appui sur différents programmes industriels. » Le président de la CCI de Toulouse, Alain Di Crescenzo, a évoqué « un enjeu économique pour le territoire ». La filière spatiale représente « 12 000 emplois en Midi-Pyrénées dont 5 000 sont directement liés à l’industrie et 400 PME-PMI travaillent dans ce domaine pour un chiffre d’affaires de 600 M€ ».
Le président de Midi-Pyrénées Expansion Bernard Plano a lui estimé que « Toulouse doit se positionner sur le marché des applications et faire émerger une industrie car il y a un fort potentiel de croissance. 1 500 personnes travaillent dans ce secteur en Midi-Pyrénées ».
« Une tension budgétaire extrême »
Les industriels ont profité du Toulouse Space Show pour manifester leur inquiétude quand à l’avenir du spatial. « Nous sommes convaincus de l’importance des applications spatiales. Mais je rappelle que la situation internationale est aujourd’hui risquée. Nous avons besoin d’un support étatique pour assurer notre futur », a souligné Bruno Le Stradic, directeur d’Astrium Satellites France. Le directeur de Thales Alenia Space Toulouse, Dominique Rousselet, a lui parlé de « tension budgétaire extrême » et « d’un besoin d’abondement de la part de l’Etat et de l’Agence spatiale européenne. ».
Tous ont en tête la Conférence des ministres européens de l'espace en novembre, qui décidera des programmes majeurs pour les cinq ans à venir. Sur le sujet, Yannick d’Escatha estime qu’il « y a un consensus en Europe sur l’idée que l’espace est indispensable et qu’il y aura un fort retour sur investissement. Je ne pense pas possible un retour en arrière. Les tensions budgétaires sont connues, c’est pour cette raison qu’il faut soigner ses choix. » 10 milliards d’euros de projets pourraient être décidés lors de cette conférence. Les applications spatiales seront impactées par cette décision car comme le rappelle le directeur de Thales Alenia Space, « sans infrastructures, pas d’applications possibles ».
La concurrence menace également Midi-Pyrénées et les entreprises. « Les pays étrangers achetaient sans sourciller mais désormais ils veulent construire eux-mêmes », pointe le directeur de Thales Alenia Space. La région est menacée par « l'Allemagne, l'Italie et l’Angleterre », conclut Marc Pircher, directeur du Cnes Toulouse.
Wilfried Pinson
Photo © Rémi Benoit
En savoir plus :
- Le Toulouse Space Show s’articulera autour de 4 conférences
internationales : la Space appli, sur les applications spatiales focalisée
sur l’environnement, la santé et les transports, la Space&law sur les
problématiques juridiques des données spatiales, la KM concernant la
« gestion des connaissances pour les missions spatiales » et l’Antem,
sur les antennes et l’électromagnétisme.
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