jeudi 13 octobre 2011

Lannemezan. Miguel, de l'Espagne au cantonnement



Lannemezan. Miguel, de l'Espagne au cantonnement
portrait


Miguel Recober regarde le cahier où il a écrit son histoire./Photo C. S. Partager C'est une figure de Lannemezan. Du cantonnement. Miguel Recober, dit « Caballero », son nom d'emprunt pour se protéger des Allemands, est arrivé à 12 ans sur le Plateau. Échappant au régime franquiste, accompagné par sa mère et ses deux sœurs avec qui il a traversé, en 1947, la montagne, la peur au ventre. Pour l'amour d'un père à rejoindre à Lannemezan. « C'était la deuxième fois car il y a eu un précédent en 1939 mais qui s'est soldé par un renvoi direct en Espagne », se souvient Miguel.

De ces années « très dures », l'adolescent, natif de Madrid, fils d'une famille bourgeoise, mais « surtout républicaine », aime-t-il à souligner, est passé à un autre monde. Le cantonnement. Où il a été accueilli, adopté comme un fils. Comme un frère. Il en garde des souvenirs inoubliables. D'abord, l'apprentissage de la langue. « à l'école du cantonnement, j'ai appris le français », précise-t-il.

Passionné de cyclisme, il s'est inscrit dans un club de vélo dirigé par Marcel Latour. Et puis, il a joué au basket au « SPA Lannemezan ». Une équipe « redoutée », à l'époque.

« Au cantonnement, il y avait les anciens, nous, les minots et les petits. C'était des groupes bien distincts, surtout pour les sorties et pour aller dans les bals en taxi », rigole t-il aujourd'hui.

Ce fut ensuite le temps des vespas. « Un privilège mais partagé car on portait toujours quelqu'un. » La solidarité, c'était aussi cela au cantonnement.

Et puis, il y a eu les séparations avec les copains du fait de la guerre d'Algérie. Et les morts. Jacques Letaio. Son « pote », trop tôt disparu.

Pour se rapprocher de ses amis partis à la guerre, Miguel a fait des pieds et des mains pour être naturalisé, malgré la réticence et la peur de ses parents.

Finalement, à 24 ans, ce fut l'Algérie. Pour 28 mois. « Du temps perdu », dit-il maintenant.

À son retour, son père étant grièvement malade, il a rapidement travaillé chez Calvel, un électricien de Lannemezan. Il s'est fiancé, puis marié à Aurore Ortéga, fille du contremaître de l'Électro Chimie, cadre supérieure à l'hôpital de Lannemezan. Puis, à son tour, il est rentré à l'Électro Chimie, devenu ensuite Péchiney, où il a fait toute sa carrière en tant que technicien. 39 ans d'usine. Le cantonnement. Encore et toujours.


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Il a écrit son histoire
Dans un cahier d'écolier, Miguel a écrit un récit de ses souvenirs. L'Espagne et le cantonnement y tiennent une place majeure. Ce livre est destiné à ses proches. Pour l'heure, peu de personnes l'ont lu. « Il y a deux ans, j'ai ressenti le besoin d'écrire mon histoire pour mes enfants et mes petits-enfants. Il y a des choses à ne pas oublier », confie l'alerte presque octogénaire, occupé par l'entretien de sa maison à Galan et sa famille.

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