jeudi 13 octobre 2011

Ils pêchaient les truites à l'eau de Javel

Ils pêchaient les truites à l'eau de Javel
tribunal tribunal

L'affaire avait fait grand bruit en avril dernier, les 7 et 13 exactement : à quelques jours d'intervalle, deux rivières près de Lannemezan, le Gers et la Save, avaient été gravement polluées par un déversement intempestif d'eau de Javel : toute la faune aquatique avait été détruite, des truites sauvages en particulier, qui ont été retrouvées mortes, empoisonnées. Patrick Sattler, loin d'être un inconnu dans le prétoire avec pas moins de 27 condamnations à son casier judiciaire, et sa compagne Katty, comparaissaient devant le tribunal pour répondre de cette pollution. Ils ont en effet été formellement reconnus par des témoins sur place, ainsi que par les commerçants auxquels ils avaient acheté, la veille, pas moins de 3 bidons d'eau de Javel. Le 7 avril, le couple se rend sur les bords du Gers et déverse, dans un trou d'eau, le contenu des trois bidons. Presque instantanément, les truites se mettent à flotter, ventre en l'air. Le couple en ramasse un bon paquet et va « manger du poisson pendant deux jours », selon les premières déclarations à la gendarmerie. « C'est pas vrai, s'insurge Katty, c'est les gendarmes qui marquent ce qu'ils veulent ! » C'est bien connu que la gendarmerie inscrit n'importe quoi sur ses PV, à sa fantaisie et à la tête du client…

Hécatombe
Dans le registre de la mauvaise foi, Patrick en rajoute une couche : « Ouais, c'est vrai, j'ai mis un peu de Javel, mais y avait aussi des gens qui nettoyaient les voitures avec des tas de produits chimiques… » Le « un peu de Javel » va provoquer une véritable hécatombe : truites, mais aussi lamproies, chabots, goujons, etc. 140 kg de farios adultes ramassées au bord des deux rivières, à multiplier par trois ou quatre pour approcher la réalité de la mortalité. Sans parler des juvéniles. « Certains peuvent en plaisanter, mais vous avez déjà essayé d'avaler de l'eau de Javel ? Ces animaux ont été décimés, sans parler des souffrances atroces qu'ils ont endurées pendant leur agonie. C'est inadmissible », s'enflamme la présidente Gadoullet, qui poursuit en direction de Katty, sur un registre tout aussi indigné et effaré : « Et vous avez mangé des poissons javellisés alors que vous étiez enceinte ? C'est de l'inconscience pure… »

Pour la deuxième pollution, Patrick Sattler, qui était seul cette fois, ne va pas s'embarrasser de bidons : il déverse, dans un trou d'eau de la Save, une grosse poignée de pastilles de Javel : « C'est plus facile à transporter… » Ben voyons.

Préjudice énorme
Pour la fédération de pêche, partie civile, le préjudice est énorme : « Il va falloir au moins cinq ans d'efforts pour que ces deux rivières retrouvent une vie normale. Il va falloir repeupler en souches sauvages et autochtones et tout cela a un coût : financier et humain. Les dégâts sont considérables ». Même la défense reconnaît que de tels agissements ne sont pas admissibles : « Les faits sont graves, nous en avons bien conscience. Le devoir de préserver la nature est prégnant ».

Pour Katty : 50 jours-amende à 10€; pour Patrick : 70 jours-amende à 10€. Le couple devra s'acquitter en outre de deux amendes de 150€ et devra indemniser la partie civile, soit lui payer 1.093,24€, le prix des alevins à relâcher.

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